Les années -ter-
Première phrase du passage sur le 11 septembre : « De prime abord c’était quelque chose qui ne pouvait être cru – comme le montrerait ultérieurement un film où l’on voit George W. Bush sans réaction, tel un enfant perdu, quand on lui annonce la nouvelle à l’oreille-, ni pensé, ni ressenti, juste regardé sur l’écran de télévision, encore et encore, les tours jumelles s’effondrant l’une après l’autre, en cet après-midi de septembre – qui était le matin à New York mais resterait toujours pour nous l’après-midi- comme si à force de voir les images cela allait devenir réel ». (Annie Ernaux, Les années)
Je dirais : beaucoup d’emphase pour pas grand chose. Goût de la périphrase pédante - "quelque chose qui ne pouvait être cru" (cocotte, sois simple, écris "incroyable")-, comparaison assez cheap - "tel un enfant perdu"-, énumération kilométrique - "ni pensé", "ni ressenti", "juste regardé"-, évocation grandiloquente du décalage horaire avec un futur dans le passé que n’aurait pas renié le Frédéric Mitterrand des grands documentaires, le temps de l’Eternité : « resterait » (« Greta Garbo resterait pour toujours la Divine… » gna gna gna). De ce point de vue, d’ailleurs, le « toujours » est pléonastique.
Et tout ça pour constater que l’événement semblait irréel. La montagne stylistique accouche d'une souris analytique. Ce qu'Annie Ernaux écrit, c'est ce qu'on déjà vu, lu, entendu mille fois.
Des clichés comme ça, on en trouve des tonnes dans ce "grand et beau livre" (dixit Télérama).