Gustave Flaubert et Léon Bloy
A l'entrée du CHU de Rouen se dresse, monumentale, une statue de Flaubert. Pas Achille le père (médecin), mais le fils (écrivain). Quelques lignes biographiques disent l'admiration du peuple pour Madame Bovary, le roman ultime. Que penserait ce bon vieux Gustave en se voyant pratiquement à chaque coin de rue, coulé dans le bronze ou inscrit sur le fronton d'un café, d'un établissement scolaire ? Aurait-il ajouté une ligne de plus à son succulent Dictionnaire des idées reçues pour railler cet honneur de la postérité ?
Léon Bloy, lui, n'a pas recueilli les éloges de la multitude. Si l'écrivain avait sa statue à l'entrée d'un hôpital, elle quitterait son socle pour tirer sur les ambulances. On sait que ce misanthrope hargneux vouait une haine sans égale à la bourgeoisie, dont il traqua les truismes à travers son Exégèse des lieux communs. Clouer le bec à la médiocrité ambiante, celle qui se répand à longueur de banalités, c'est un fantasme ultime. Il reste d'actualité.