Ringards
Les artistes ringards m'ont toujours intéressé : qu'on puisse accepter de se vautrer dans la misère artistique pour des raisons bassement alimentaires ou pour ne pas quittter la lumière, ou alors qu'on le fasse par conviction, ça a quelque chose de grotesque. Et le grotesque contient du comique. Il suffit simplement de considérer le résultat, indépendamment de toute considération morale. Le plus intéressant, c'est de ne jamais oublier cet adage : nul n'est à l'abri de la ringardise. On peut, à un moment donné de sa carrière, commettre un mauvais film, une mauvaison chanson, un mauvais livre. Claude Rich - superbe acteur, trajectoire impeccable, aucune prise de risque - tourna un jour dans un navet intégral : Promotion canapé. Il y campe un directeur plutôt porté "sur la chose". Pour assouvir ses instincts de voyeur, il demande aux charmantes subordonnées convoquées à son bureau, d'arroser une petite plante que jouxte un miroir. C'est d'une connerie abyssale, évidemment. En même temps, c'est fascinant de voir Claude Rich ramer à ce point.