Nick Drake
Sur un fil aussi ténu que les cordes de sa guitare, se tiennent les chansons de Nick Drake, longue carcasse romantique perdue dans un monde qu'il a fui dès son premier album, paru en 1969. Chez Drake, les grandes douleurs sont muettes, se murmurent d'une voix presque abstraite, détachée. Si des larmes doivent couler, elles creusent un sillon infini. Et si le bonheur est là, il apparaît comme une rémission. Dans la nébuleuse pop, le mal-être est décuplé par une théâtralité souvent outrancière ou par une mise en scène qui ravit les fans. Mais l'auteur du sublime "Day is Done" écrit en circuit fermé, enfermé dans un jardin anglais dont il n'échappera pas, un de ces jardins devant lequel on passe cent fois sans remarquer qu'il y a un type profondément triste qui courbe l'échine et se murmure des berceuses pour trouver le sommeil.