"La féline"
Il y a dans La féline, le chef-d'oeuvre de Jacques Tourneur, une scène extraordinaire qui capte l'essentiel de ce qu'est la peur. On y voit Irina -le personnage interprété par Simone Simon- se baigner dans une piscine, ouverte en nocturne. Les miroitements et les clapotis de l'eau créent un effet d'attente d'autant plus perceptible que la solitude de l'héroïne en fait une proie idéale pour n'importe quel danger. Il s'avère que le piège se refermera sur elle, mais de façon subtile. On entend d'abord un grognement d'animal, puis un théâtre d'ombres s'anime ; la menace prend la forme d'une panthère, et le personnage pousse un des cris les plus effrayants qu'il m'ait été donné d'entendre au cinéma. C'est tout. Il n'y aura ni combat aquatique entre la bête et sa proie, ni hémoglobine pour spectateurs-voyeurs.
C'est une vraie scène d'école, à méditer par tous les tâcherons du film d'horreur, et en premier celui qui réalisa le nullissime remake de Cat People en 1982.