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Le blog du touilleur
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19 février 2010

Angel Heart

angel_heartC'était un faux James Dean, mais un vrai yuppie des années 80. Il promena quelque temps
sa nonchalance dans des films tape-à-l'oeil : on se souvient de Neuf semaines et demie comme d'un sommet érotico-kitsch, où Mickey Rourke jouait les pizzaiolo sur le ventre de Kim Basinger.
Angel Heart est à l'image de son acteur-toc: ostentatoire, ouvertement prétentieux,
totalement démodé. Tiré d'un très bon polar de William Hjortsberg Falling Angel, le long-métrage d'Alan Parker
en éviscère l'histoire, jette dans le caniveau new-yorkais ce qui était la substance même du récit, subtil croisement de Chandler (Angel est un Marlowe plutôt marlou) et de L'exorciste : reste un New-York poisseux qu'on a vu et imaginé cent fois de la même façon, dans des couleurs sombres, l'asphalt saturé de brouillard sulfureux. Au moins, dans Le sabbat à Central-Park (titre du bouquin en français), le détachement et l'humour du protagoniste se jouaient de tous les clichés. Ici, point de dérision, et pas même une bouteille de scotch dans la boite à gant : on s'emmerde à cent sous de l'heure dans un film qui vise à
l'épate et à l'éclosion d'un nouveau talent cinématographique. La présence de De Niro en Louis Cyphre est une caution telle que Hollywood les aime, quand il s'agit d'étalonner une jeune pousse un peu fougueuse, à l'ombre d'un cyprès bien assis. A Rourke les impulsivités, à De Niro
méphistophélique, le cynisme froid. La confrontation s'avère d'un manichéisme désolant : le détective ne se doute pas que celui qui le charge d'une mission est l'alpha et l'oméga de tout ce qu'il cherche: l'objet des investigations
- un vieux chanteur de charme disparu- constitue un prétexte dont l'évidence saute aux yeux. Nanti de cette avance narrative, le spectateur n'a plus
qu'un seul intérêt : savoir au moins ce que la charmante Epiphany la bien-nommée devient à l'écran. Mais là encore, Alan Parker, dont l'oeuvre n'est pas dénuée de scories et de maniérisme pompier (Evita, Midnight Express, etc.), promène sur elle une caméra d'au moins quinze tonnes. Et l'inévitable scène de cul est lestée d'un symbolisme qui plombe tout le film, jusqu'à l'ascenseur
final, où l'inspiration file directement au troisième sous-sol.

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