Léo
"Du vieux Ferré, les cris, la tempête...". C'était un soir de 1991, et mon âme lycéenne vibra au rythme d'une bande pré-enregistrée. Le vieux Léo était effectivement là, sa longue crinière soyeuse déployée sous les spots, comme une caricature de lui-même, toussant ses milliers de Craven A. Il est des monuments qu'il ne fait pas bon visiter. Quelques mois auparavant, à l'instar de Sartre devenu aveugle à la fin de sa vie, l'anarchiste du Tout-Paris avait un peu perdu la boule : il fréquentait Didier Barbelivien qu'il conviait même à de frugales collations dans sa merveilleuse Toscane. "Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent...". Tout seul sur scène, Ferré tel une vigie contre la pensée unique. Ce soir-là, c'est plus le Père Fouras que j'ai applaudi.