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Le blog du touilleur
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22 février 2014

D'Ane à zèbre

"D'âne à zèbre", quelques remarques sur l'entrée "Deleuze"

Michel Onfray, Eduardo, Eric se cherchent des maîtres. Comme des chiens courant avec leur laisse, tout seuls. « Maître » est une pulsion énonciative. Derrière se joue toute une pièce de théâtre que François Bégaudeau nous dévoile. Vieille tradition de la cooptation des clercs. En ce qui concerne Onfray, il trempe « sa joie » dans une « sauce aigre ». Je le pense depuis longtemps. Il y a en lui une raideur qui dément certains de ses propos. Chez Michou, peu d’auto-dérision, rien de potache. L’humour emprunte la voie de l’ironie, qui est une arme comme chacun le sait et Onfray a des combats, comme chacun le sait également. Le corps est à l’avenant, tout à sa besogne, ne démentant jamais les mots, jamais singe. Du coup, la dérision consiste à l’imaginer dans les postures les plus grotesques : un site lorgnant sur le Gorafi l’incarne en épigone de Psy, répétant inlassablement le Gangnam Style. Un proche affirme qu’on ne l’a jamais vu aussi motivé pour quoi que ce soit, agitant les bras sur un cheval imaginaire. Ca me fait vraiment rire. Pourtant, ce n’est pas que la plaisanterie soit idéale, c’est que Michel Onfray est étouffant à force de sérieux. Et qu’il est un peu irrépressible de se foutre de lui.

Pour échapper à cette cooptation séculaire des intellectuels, François Bégaudeau propose deux échappatoires : multiplier les maîtres ou plutôt se reconnaître une multiplicité d’influences… ou soustraire et ne jamais utiliser le mot « maître ». Pourtant, le mot brûle les lèvres de ceux qui se prétendent progressistes, y compris Onfray.

Admettons que Deleuze en soit un, nous dit l'auteur. Raisonnement par l’absurde. Tout ce qui a précédé montre le contraire. Eh bien, ce qu’on retient, ce sont des notions générales, quelques mots-clefs. Bon, j’essaye avec Barthes. Qu’est-ce qui me vient à l’esprit spontanément ? « La langue est fasciste », le décrypteur de signes, l’autobiographie avec plein d’images pour l’enfance et plus du tout pour l’âge adulte, la réflexion sur la mort dans son dernier bouquin, la querelle (pas quenelle) sur Racine, la camionnette qui le fauche alors qu’il sortait d’un repas avec Mitterrand, etc… Effectivement, Barthes « me parle », pour reprendre l’expression de François, mais si je n’organise pas mon propos, c’est de la tambouille.

Au concept de « maître », François Bégaudeau substitue celui d’ "ami", mot qu’il a très souvent utilisé. Dans la conclusion d’un article sur Dustan, récemment. Ce qui me plaît, m’influence n’est pas supérieur à moi, il rentre dans un réseau complexe. Là où même Onfray postule une hiérarchie, le texte de Bégaudeau met à plat. Mais ce n’est pas la première fois. Entre les murs le faisait déjà.

On ne disqualifiera donc pas l’objet -artistique- auquel on s’intéresse. On identifiera plutôt la puissance de cet intérêt. J’essaie d’appliquer : quelle puissance me pousse à valider Chabat, à aimer Chabat depuis mes 13 ans, à avoir porté à peu près les mêmes lunettes que lui quand j’en avais 15, parce que je voulais lui ressembler (bonjour le résultat auprès des filles)? Faudra que je creuse.

Le chapitre se conclut sur une tique qui, avec peu de capacités, parvient à occuper puissamment le monde, comme l’enfant sur son château de sable, tandis qu’Alexandre est perdu au milieu de l’immense périmètre qu’il a annexé. Et je me dis que cette conclusion est très pascalienne.

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