Fiche-outil n°2 : Figures de rhétorique.

                Fiche-outil n°2 : les figures de style

Ce sont des procédés qui donnent au discours une grande force d’évocation et de persuasion. Repérer les figures de style est un plaisir de gourmet, même si certains abusent un peu trop de ce péché mignon, notamment les profs de lettres, les linguistes... moins les lecteurs de Paris-Turf.

I Les figures fondées sur la ressemblance

1) La comparaison

Elle établit des correspondances entre les êtres (ex : Serge Lama/Jacques Brel; Mika/Freddie Mercury, etc.) et les choses (ex : un roman de Marc Lévy et un traité ontologique de Sartre). Elle est composée de deux mots liés par un outil comparant (comme, semblable à, pareil à, etc.), des adjectifs au comparatif et des verbes exprimant la ressemblance.

Exemples : Julien Courbet est comme mon père : un peu procédurier sur les bords./Marc Lévy a moins de talent que Sartre, mais il a plus de lecteurs/Eric Zemmour ressemble à Eric Naulleau qui s'apparente à Eric Zemmour.

2) La métaphore

C’est une comparaison sans outil comparant. La métaphore filée est une métaphore poursuivie au fil d’un texte.

Exemple : Mon voisin est une chouette qui épie derrière ses rideaux.

Si je file la métaphore je peux dire : "Mon voisin est une chouette qui épie derrière ses rideaux, et qui s'envole à heures régulières pour se poser au Bar PMU du coin".

3) La métonymie

Elle permet de mettre un mot à la place d’un autre, en transférant le sens de l’un sur l’autre (la cause pour l’effet, le contenant pour le contenu, la partie du corps pour le sentiment qui y est rattaché, le concret pour l’abstrait)

Exemple : "Finis ton assiette si tu veux récupérer tes otages ! dit Kim-Jong Il à Bill Clinton.
                - Mais y'a pas grand chose dans mon assiette", rétorque l'ancien président américain (ça, c'est un euphémisme, mais nous y reviendrons plus tard).

4) La synecdoque

C’est un cas particulier de métonymie qui est fondé sur un rapport d’inclusion entre les deux éléments qu’on substitue (la partie pour le tout, le singulier pour le pluriel).

Exemple :  Il a croisé le fer avec son téléphone sans fil.

5) La périphrase

A ne pas confondre avec « paraphrase » (dire le texte en d’autres mots et en moins bien) ! Cette figure remplace un mot par plusieurs autres qui développent un sens.

Exemple : au lieu de dire "mon voisin", je développe : "l'autre con qui m'apostrophe chaque fois que ma voiture est mal garée".

6) L'antonomase

C’est la figure de style par laquelle un nom propre est utilisé comme nom commun, ou inversement.

Exemple : Gourcuff est le nouveau Zidane, il disserte aussi bien en interview.

II Les figures d’animation

1) La personnification

Elle consiste à donner vie à des animaux ou des choses, en les traitant comme des personnes. Elle produit des effets poétiques, tragiques ou comiques.

Exemple : "Le téléphone pleure quand elle n'est pas là." (Clo-Clo, Vous n'êtes pas au courant ?, Ed.Dusecteur)

2) L’allégorie

Elle permet de présenter une idée sous la forme d’une personne, en donnant vie aux abstractions.

Exemple : La mèche rebelle chez J.P Pernault est le signe de l'anti-capitalisme.

III Les figures de construction

1) Le chiasme

C’est une structure symétrique inversée (ABBA).

Exemple : Je ne vous invite pas au resto pour coucher avec vous, mais dormir avec vous peut nous amener vers un très bon resto (le chiasme est parfois goujat, comme on le voit).

2) L'interrogation oratoire

C’est une fausse question à laquelle on n’attend pas de réponse.

Exemple : Mais qu'est-ce que que c'est que cet homme qui se noie sous mes yeux alors que je suis en train de manger ?

3) L’ellipse

C’est une figure par laquelle on omet un ou plusieurs mots à l’intérieur d’une phrase, sans nuire à la compréhension ni à la syntaxe.

Exemple : " Là... j'avoue... parce que... fatigué". (Bernard-Henri Lévy, Mon week-end en Corée du Nord,

éd.MatinBrun)

IV Les figures d’opposition

1) L’oxymore ou alliance de mots

Elle consiste à juxtaposer deux mots de sens contraire dans une même expression.

Exemple : Et on l'on vit un Guy Béart muet.

2) L'antithèse

Elle oppose deux mots de sens contraire dans une phrase, sans les juxtaposer.

Exemple : Il est du Puy, et moi du Fou.

3) L'antiphrase

C’est la figure de l’ironie par excellence. Elle consiste à dire le contraire de ce que l’on pense, dans l’intention de se moquer, de montrer son mécontentement, sa colère…

Exemple : "Le droit de savoir" me manque.

V Les figures d’insistance

1) L'hyperbole

C’est la figure de l’exagération. Elle rapporte un fait ou une qualité en l’amplifiant.

Exemple : "Xavier, je vous ai dit cent fois qu'on ne lisait pas La princesse de Clèves en plein meeting UMP!"

2) L'anaphore

C’est une répétition qui consiste à réemployer le même mot en tête de phrase et surtout de chaque vers.

Exemple : " Il est gris et il ne passera pas l'hiver/Il est gris et les oiseaux l'évitent/Il est gris le petit père des peuples coréen." (Kim Wilde, Kim Jong Il est gris, éd.Jerisquerien)

3) La gradation

C’est une énumération de termes selon une progression croissante ou décroissante. Elle produit des effets dramatiques et rythmiques.

Exemple : Christophe Dechavanne parcourut Du côté de chez Swann. Soudain, il haleta, suffoqua, perdit connaissance.

VI Les figures de sonorité

1) L’allitération

C’est la répétition d’une même sonorité consonantique dans une phrase et surtout dans un vers.

Exemple : "Aboli bibelot d'une bimbo en embolie." (Stéphane Mallarmé, Ma vie avec Loana, Ed. Loft).

2) L'assonance

C’est la répétition d’une même sonorité vocalique dans une phrase et surtout dans un vers.

Exemple : Je le vis, je rougis, je marchis à sa vue. (Racine, Phèdre ne maîtrise pas le passé simple, Ed.Bescherelle)

3) La paronomase

C’est l’association dans un même énoncé de deux paronymes, c’est-à-dire deux mots qui se ressemblent du point de vue des sonorités.

Exemple : Faut pas confondre Manet et Monet, même si les deux peignent des boites de chocolat.

VII Les figures d'atténuation

1) L'euphémisme

Il s'agit ici d'atténuer une réalité perçue comme plutôt désagréable ou tout bonnement inaudible tant elle choque.

Exemple : La réintégration de Phillipe de Villiers dans le giron UMP ne va pas trop changer la politique extérieure du Nicaragua.

2) La litote

Elle consiste à dire moins pour suggérer plus.

Exemple : "Mais c'est pas trop mal tout ça !" claironna Charles de Gaulle en sortant du lit de tante Yvonne.

Comments

[imerege]

Tu sais, si ce n'était que mon voisin...

[Tatianus]

Ton voisin t'effraie ?