Cerveau, sexe et pouvoir.
A partir d'une question qui va innerver toute la réflexion - « qu'est-ce qui nous fait homme ou femme ? »-, l'ouvrage de Catherine Vidal et de Dorothée Benoit-Browaeys se propose de vérifier si un certain nombre de différences établies entre les sexes sont validées par les recherches actuelles en neurobiologie ou si, démenties par les avancées technologiques, ces différences ne relèvent que d'un processus de construction à la fois social et culturel, pérennisant des siècles de préjugés.
Les certitudes qui concernent les différences de comportements ou de capacités entre les hommes et les femmes sont encore largement répandues au sein de la communauté scientifique et largement relayées par les médias. Par extension, la frénésie d'une explication de nos comportements par les gènes et les hormones conduit aux discours les plus dangereux. Nos attitudes, nos goûts, nos désirs, nos capacités sont bien moins déterminés par le fonctionnement seul de nos cellules cérébrales que par les interactions que nous entretenons depuis notre plus jeune âge avec notre environnement et par les expériences qui stimulent ce que les auteurs appellent « la plasticité cérébrale » (laquelle désigne « les processus de modelage des circuits de neurones en fonction de l'expérience vécue »).
De ce point de vue, cet ouvrage rappelle sainement que nous ne sommes nullement esclaves de notre cerveau, ni prédéterminés par celui-ci. Il faudrait le dire à certains hommes politiques qui pensent le contraire.