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Le blog du touilleur
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3 mars 2013

Eric Naulleau vs. François Bégaudeau

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http://www.parismatch.com/Culture-Match/Livres/Actu/Memoires-vite-oublies.-Par-Eric-Naulleau-467536/

Le sémillant Eric Naulleau, dont la présence dans Match témoigne d’une défiance envers la surexposition médiatique, a décidé de « se payer » les Deux singes ou ma vie politique sur le mode de l’attaque ad hominem. Ca ne vole pas très haut : mis à part des arguments poudreux de « bac à sable » qu’un intertitre belliqueux vient résumer (« Bégaudeau, celui qui arrive après la bataille »… laquelle ? Ah bon, il y avait une guerre ?) et deux références attendues pour justifier sa maîtrise du genre autobiographique (Leiris et Sartre), on va dire que, contrarié par Chouchou, Naunau  l’a joué petit bras.

Bon, on admet que l’espace qui lui est dévolu dans cette revue ne lui permet pas d’étudier un style que de toute façon il ne comprend pas. Et d’ailleurs, ce n’est même pas ce qu’on attend de lui. La politesse voudrait en fait qu’on lui expédie le mode d’emploi d’une vraie critique littéraire.

On lui apprendrait par exemple que la mention d’un simple extrait n’a pas valeur d’argument. Citer n’est pas expliquer. Il a dû voir ça à l’école, quand même. On lui enjoindrait ensuite de ne pas de griser de son propre verbe pour se dégriser de celui des autres.

Parce que la tendance est là : à la rigueur d’une analyse honnête, qui lui permettrait d’entrer dans la littérature par la grande porte, Naulleau préfère le Vermot. Il fait l’andouille avec des paronymes -« habitable »/ « imbitable »- ou se vautre dans la métaphore facile – « de bourratives tartines à la mélasse intime »-, pour contourner l’analyse et accomplir sa tâche de critique.  Un peu seul face à ce qui le dépasse, Naulleau sonne même la charge,  réveille la cavalerie des aînés littéraires à grand renfort d’images mortifères : « fantômes », « suaires », « cimetière ». But non avoué : contrarier la vitalité d’un auteur qu’il n’aime pas, n’aimera jamais et dont il s’attachera à démonter le travail, en prenant toujours le biais du réquisitoire. Rien de vraiment grave : l’assaut littéraire confine à la postillonnerie.

Trop jeune selon Naulleau, le narrateur ne pourrait se prévaloir d’une quelconque légitimité à se raconter. On notera que cette admirable prescription fixe, en creux, un âge canonique et académique à partir duquel une confession devient un brevet de vertu littéraire. Poursuivons : trop vieux, François Bégaudeau serait un éternel mécontemporain que le plumitif évoque sur l’air du « Nevermore ». Où a-t-il lu ça ? Sa distraction lui autorise-t-elle un pareil raccourci ? Le narrateur pleure-t-il éternellement d’avoir été trop jeune quand les Clash ont officié ? Ces contresens dessinent finalement les contours d’une oeuvre que Naunau aurait voulu lire et que Chouchou-Bégaudeau ne lui a pas offerte : une rétrospection où le déchirement tient lieu d’horizon littéraire.

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