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Le blog du touilleur
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3 février 2013

Yvon Gattaz

yvon-gattazEn 1993, je suis allé à l'imprimerie Firmin-Didot de Mesnil-sur-l'Estrée, pour les besoins d'un journal local où je bossais en tant que pigiste. C'était un petit boulot que je faisais afin de payer mes études, mais aussi par plaisir, puisque que je rencontrais beaucoup de gens différents et que j'apprenais un tas de choses. Le métier de journaliste vous met en contact avec toute la population et généralement l'on vous reçoit avec beaucoup de politesse, puisque les êtres humains aiment plutôt qu'on parle d'eux.

Ce jour-là donc, j'avais été envoyé à l'imprimerie pour rencontrer Yvon Gattaz, ex-patron du CNPF (ancêtre du MEDEF), qui venait de publier Le modèle français. Il y faisait l'apologie de nos forces créatrices et s'indignait contre la morosité ambiante, oubliant qu'à cette époque l'on comptait déjà trois millions de chômeurs.

Gattaz était connu pour son humour. Très CNPF, quoi. Florilège :

"Les Français sont les plus laxistes dans le bien-être, mais les plus acharnés dans les difficultés."

"Tout salaire mérite travail."

"Pour leur succession, les créateurs d'entreprises se partagent en deux catégories : ceux qui pensent que le génie est héréditaire et ceux qui n'ont pas d'enfant."

Quand nous nous sommes attablés avec d'autres afin que Sa Majesté nous parlât, le hasard a fait que je me suis trouvé à côté de lui.

J'ai griffonné quelques mots nerveux sur mon calepin pour divertir mon malaise et donner le change, car j'étais incapable de lui poser une question ou de tenter d'établir un contact avec cet homme qui suintait la vanité. A la fin de cet interminable pensum, Gattaz me dédicaça sa babiole néo-libérale. Plus tard, pour me venger, je l'ai laissé moisir à la cave.

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