Les instruments vol.1

La maison Gallimard n'est pas réputée pour publier de la gaudriole. Pourtant, la série Mes petits imagiers sonores, sous couvert d'éduquer les bambins de notre nation, répand des absurdités que les pères impeccables auront tout de suite relevées.

Dans Les instruments vol. 1, je note :

- un cochon estropié qui joue de la flûte à proximité d'un chapiteau (pp. 1-2).

- un éléphant coiffé d'un béret qui s'essaie au piano (pp.3-4).

- un renard habillé comme Angus Young qui tente de séduire sa dulcinée en lui interprétant du Brahms au violon (pp.5-6).

- deux zèbres symétriquement semblables qui se prennent pour Narciso Yepes (pp.7-8).

- des oursons déchaînés qui ont échappé à leur penderie et tambourinent un peu trop fort (pp.9-10)

- trois souris dont l'une martyrise un xylophone (pp.11-12)

Je dis que trop c'est trop. D'autant plus que Gallimard a récidivé en publiant Les instruments vol.2, où un cerf se met à jouer du blues devant des écureuils. Cette exploitation de la faune animale à des fins irrationnelles répand dans l'esprit des enfants une idée très fausse. Disons le tout net : non, nos amis les bêtes ne sont pas plus mélomanes que chacun d'entre nous. Je dirais même que dans les zoos, les enfants ne verront jamais des singes avec des guitares basses ou des paons qui s'essaient à la viole de gambe. Merci aux éditeurs de respecter quelques vérités de base et de ne pas compliquer la tâche des parents. La littérature enfantine, bien trop surréaliste, offre aux lecteurs l'image d'un monde merveilleux... alors qu'en réalité l'essence a encore augmenté et que Jean-Michel Jarre continue de produire des albums.