Effraction
François Baroin, Ministre des finances de Nicolas Sarkozy, a chagriné quelques esprits socialistes, estimant que la gauche était arrivée au pouvoir "par effraction" en 1997. Nous parlons d'un temps que les moins de 14 ans ne peuvent pas connaître. L'Elysée en ce temps-là était occupée par Jacques Chirac, un nom qui évoque de moins en moins de souvenirs aux plus jeunes d'entre nous. Captivés par la geste sarkozyenne, les adolescents ont certes bien oublié l'avant-dernier occupant du fauteuil présidentiel. Un pouvoir chasse l'autre. Mais les mots restent. "Effraction", donc. Regardons dans le dictionnaire :
Il s'agit d'un nom commun pour un acte qui l'est moins et qui désigne dans sa première acception un bris de clôture, de meuble ou de serrure que fait un voleur pour dérober. On ne soupçonnera pas François Baroin d'assimiler les socialistes à des voleurs, les hautes fonctions ministérielles proscrivant de telles bassesses. En vérité, ce qui est advenu en 1997, c'est que la maison UMP avait sans doute été mal fermée et que cette négligence s'appelle une "dissolution". Il s'agit là d'une distraction qui arrive parfois. Cela n'aurait pas gêné s'il ne s'était agi que d'un seul homme : il arrive même aux présidents de se tromper. Or, dans le cas présent, ils étaient deux : Dominique de Villepin, futur premier ministre, et Jacques Chirac qui, croyant dissoudre l'assemblée ,a tout simplement dissous la droite (merci Libération !). Effraction ? Le maître des lieux avait invité les soi-disant "loups" à se repaître dans la bergerie. François Baroin l'ignorait-il ?
Dans son sens figuré, le terme évoque l'utilisation de méthodes malhonnêtes pour arriver à ses fins. Bigre ! Les socialistes auraient donc soudoyé les électeurs ? Si l'on parle d'argent, je n'en ai personnellement pas vu la couleur. Je ne sache pas que l'opposition soit revenue aux affaires autrement que par le suffrage universel, ce qu'a rappelé Jean-Marc Ayrault. Il n'a pas eu à creuser son argumentation, Baroin avait déjà donné quelques pelletées.
Monsieur Bernard Accoyer, président de l'Assemblée Nationale, a levé la séance des questions, fait relativement exceptionnel, mais on conviendra sans doute que le terme utilisé par Monsieur le Ministre y était un peu pour quelque chose...