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Le blog du touilleur
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19 septembre 2011

Le Horla (1887)

horla

Imaginez que votre pire cauchemar soit un cauchemar invisible... vos bras se tendent pour l'attraper, et vous n'étreignez que du vide. Le Horla, certainement la nouvelle fantastique la plus célèbre de Maupassant, c'est ça : un ennemi qui n'a pas de forme, pas de visage, mais qui peu à peu s'insinue dans la vie du narrateur, finit par hanter ses nuits, et par le rendre fou. En 1887, Maupassant n'a pas encore sombré dans la démence, mais son récit, présenté sous la forme d'un journal à la première personne (très efficace !), est celui d'un névrosé... encore que... le dire, c'est admettre l'hallucination, donc nier la quintessence même de ce qu'est le fantastique selon Todorov : l'hésitation entre une interprétation naturelle et une interprétation surnaturelle des événements.

Rêve ? Réalité ? L'histoire repose sur une gradation : le narrateur-personnage éprouve d'abord une sorte de malaise imperceptible, diffus, et cette "incommodité" se mue peu à peu en angoisse, puis en sentiment de terreur, puisque "l'autre" est là. Une simple promenade en forêt (lieu fantastique par excellence) devient un cauchemar, et le vent lui-même, élément invisible, constitue une sorte d'allégorie du mal qui s'annonce.

Quand enfin la présence de l'"autre" est avérée, il s'agit de le nommer, et c'est dans une sorte d'acmé de la tension narrative que le terrible mot est lâché, encadré par les points de suspension qui disent l'effroi : l'être invisible est un "horla", terme polysémique, puisqu'il peut s'agir d'un paronyme de "hurla", ou un jeu de mots sinistre, "hors là".

Révéler la fin serait sacrilège... sachez simplement qu'on ne se débarrasse pas facilement de ses pires rêves.

Maupassant donne ses lettres de noblesse au fantastique français, dans une nouvelle qui fait date, et qui nous renvoie chacun à nos peurs, nos fantasmes. Le thème du double a trouvé son récit. Et la prose de l'auteur, comme ailleurs, allie la simplicité à l'efficacité.

Le choix même du journal intime accentue le caractère subjectif du récit, essentiel dans la perspective du fantastique, puisque l'hésitation doit demeurer constante. La première version du texte se présentait à la troisième personne.

A lire sans modération, à la lueur pâle d'une bougie pour frissonner de plaisir. 

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Commentaires
J
Merci beaucoup pour votre commentaire, Clémence. Cela fait plaisir !
C
Un énorme merci pour ces informations. Cela me paraît fort intéressant. Continuez !
O
C'est parfait! Merci beaucoup
I
Ah, pardon ! J'intègre le logo. Merci pour ton ajout !
O
j'ai ajouté ton billet dans le récap du challenge des fous .. par contre il manque le logo sur ton billet ;)
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