Renaud
Dans les années 82-83, j'ai dormi dans ma chambre avec un poster de Renaud, visage soucieux et foulard rouge noué autour du cou, époque "chetron sauvage". Quelques semaines auparavant, ma mère et moi étions allés le voir sur scène et je m'étais beaucoup ennuyé. A sept ans, la réalité sociologique d'un HLM ne constitue pas un argument consensuel. Mais j'avais retenu une énergie. Plus tard, j'ai plus attentivement écouté l'album Mistral gagnant, une vraie réussite, même si là encore mon jeune âge m'empêchait de discerner la qualité de certaines chansons, faute de références précises. J'ignorais que "P'tite conne" était dédié à Pascale Ogier. Je ne savais pas qui était Jim Morrison. En revanche, la chanson-éponyme de l'album, par sa grâce et son dénuement, m'avait particulièrement touché. Ce fut le début d'un bail de quelques années avec Renaud. A quel moment ai-je décroché ? Après Marchand de cailloux, qui contenait les germes d'une décadence artistique : affadissement général, chant défaillant, redondances thématiques. Le reste a confirmé : le chanteur a gagné en respectabilité people ce qu'il a perdu en pertinence, ce qui constitue une critique très convenue, je l'admets. Mais on ne peut pas êtrer particulièrement original, quand l'évidence vous enjoint de constater.