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Le blog du touilleur
Le blog du touilleur
31 août 2011

Voici le vide

Voici la ville
Dont je te parlais
Là immobile,comme elle l'était
D'ici on voit,
depuis la colline,
le panorama,
dans la nuit les usines.
Voici la ville,
antiquaires et préfet,
la bourgoisie docile,
les pharmaciens rouennais.
D'ici on voit
les enseignes, les vitrines,
la Seine en contrebas,
dans la nuit les usines.
Voici la ville,
où je cherchais
les yeux des filles,
un chemisier défait.
D'ici on voit
une fête qui se termine
les antennes sur les toits,
dans la nuit les usines
D'ici je vois
les amours, la presqu'ile
et ma vie avant toi.
Voici ma ville.

Sur le très inégal album Les piqûres d'araignée, Vincent Delerm rend hommage à la ville où il passa quelques années. Eh bien, c'est raté, parce que si l'on excepte quelques indices ("panorama", "rouennais", "Seine", "presque-île"), ça pourrait se passer n'importe où ailleurs que dans la cité normande. On a donc un modèle de chanson impersonnelle et paresseuse. N'est pas Nougaro qui veut... pourtant, quand il s'en donne la peine, Delerm sait créer de l'émotion avec des mots simples. En tout cas, c'est ce que révèle une écoute attentive de cet album de 2007.

Reprenons.

Voici la ville (Vincent Delerm, guide touristique ?)
Dont je te parlais (Promenade avec qui ? On le saura plus tard)
Là immobile,comme elle l'était (Beurk, quelle syntaxe horrible ! Ca ne veut rien dire, en plus)
D'ici on voit, (Le "on" si impersonnel cher à Philippe Delerm et qui se veut faussement rassembleur)
depuis la colline, (Sainte-Catherine ? Très beau panorama, en effet, pas besoin d'une chanson, il suffit d'y aller avec ses propres yeux)
le panorama, (Il est rare qu'on ait autre chose qu'un panorama, quand on est sur une colline, à moins qu'une autre colline fasse obstruction)
dans la nuit les usines. (Mais des usines, il y en a tellement dans les grandes agglomérations. Quelle impression produisent les usines sur VD, on ne le saura pas... et puis, il aurait été plus judicieux de les métaphoriser)
Voici la ville, (On le saura, mais c'est un refrain)
antiquaires et préfet,
la bourgeoisie docile, (Un cliché : Rouen, la cité bourgeoise. Un autre : le bourgeois est forcément obéissant)
les pharmaciens rouennais. (On voit tout cela d'un panorama ?)
D'ici on voit (Ou plutôt "on fantasme")
les enseignes, les vitrines, (Sans blague ? Dans une grande ville, ça paraît rassurant... et puis, quel oeil de lynx !)
la Seine en contrebas, (La Loire, ça aurait fait mauvais genre)
dans la nuit les usines. (Et de jour ?)

Voici la ville,
où je cherchais (Ah, enfin un "je" !)
les yeux des filles, (De 1973 ?)
un chemisiser défait. (Métonymie coquine)
D'ici on voit
une fête qui se termine (Rapport aux filles qui ont le chemisier défait)
les antennes sur les toits, (Quel rapport avec ce qui précède ? La liste peut durer : "un clochard qui titube, un chat qui fuit la pluie, une roue de bagnole...")
dans la nuit les usines
D'ici je vois (Peut-être qu'avec un regard un peu plus personnel ça marchera mieux)
les amours, la presqu'ile (Eh bien, non...)
et ma vie avant toi. (La promenade était donc galante... quelle pudeur)
Voici ma ville. (L'appropriation ne s'affirme qu'à l'ultime vers, alors que le reste semble si désincarné)

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Commentaires
I
Sa voix de fin de banquet, il l'avait pourtant un peu changée sur "Les piqûres d'araignée". Mais quand il se laisse alanguir, la nausée vocale remonte.
I
Peut-être s'agit-il d'une chanson impressionniste, finalement. D'où la sensation de j'm'en foutisme.
I
"Les texte à l'huile de moteur", c'est une excellente expression, Marie ! Ca fait plaisir de te lire ici. Percutant, ce commentaire !
S
Oui en effet il ne s' est pas foulé ce jour là .. pourtant Rouen est une ville qui a bien inspiré les peintres ... Monet.. ect... mais pas lui ! même pas une ligne sur la cathédrale ! oh ... Non là vraiment Vincent ! pfff!
M
Toujours cette lucidité sur les textes à l'huile de moteur de VD : ça glisse, c'est lisse, ça sent fort jusqu'à entêter et ça pétarade !<br /> Personnellement, je retiens un "un tacle de Patrick Viera n'est pas une truite en chocolat", pas à dire le poète a toujours raison...
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