Luc Ferry

Le grand philosophe Luc Ferry, ci-devant Ministre de l'Education Nationale, a soulevé une rumeur qui mettrait en cause un ancien ministre de la République, dans le cadre d'une affaire extrêmement grave. Avec la prudence qui le caractérise, le penseur bien coiffé s'est bien gardé de donner des noms, de peur qu'on ne lui intente un procès. Que n'a-t-il parlé avant ? On dirait bien que depuis l'affaire DSK, l'hystérie s'est emparée du monde politico-médiatique. D'accusations en soupçons, de commentaires en jugements, le petit cénacle parisien s'observe en chien de faïence et les langues se délient.

Mais qu'est-ce que cette parole libère ? Le fiel, la paranoïa, la vengeance. On ne sait si M.Ferry dit vrai ou faux. En revanche, ce que l'on voit, c'est que cette "révélation" suit de très près une inculpation où la présomption d'innocence a été allègrement bafouée. En fait, on se croirait dans Le Corbeau de Clouzot. Bientôt, on verra des petits mots pleuvoir de Barbès à L'Odéon, en passant par la Bastille ou République. Ces messages anonymes diront à celui ou celle qui brigue un poste : "Nous savons pour ce que tu sais". Et peut-être que ceux qui seront tentés par le pouvoir se désisteront au dernier moment, craignant que l'opprobre ne les mène à leur perte, ne leur coûte bien plus que leurs ambitions politiques : "Mais finalement, ai-je bien fait d'embrasser ma femme de ménage dans le cou ?".

 Il ne restera sans doute que les accusateurs, ceux qui se délecteront de la minable guerre à laquelle la gauche et la droite se livrent, oubliant le débat d'idées, plongeant la tête la première dans les égoûts, sous les "olé" des folliculaires, trop contents de titrer sur ces scandales à répétition. Il est vraiment temps de laisser à la justice le soin de mener des enquêtes, de dire à certains hommes politiques que la passion n'a jamais pu gouverner le monde, et de rappeler aux journalistes qu'ils sont titulaires d'une carte de presse et non d'un manteau d'hermine.