Memento

Le héros du tortueux film de Christopher Nolan, Memento, a perdu sa mémoire volontaire. Au bout d'un quart d'heure, il oublie tout ce qu'il a fait. Dans la vie courante, on peut imaginer les avantages et les inconvénients d'une telle situation :

- avantages : on peut vivre un éternel coup de foudre pourvu que l'intéressé(e) se prête au jeu et ne se lasse pas de rejouer la rencontre, on peut écouter un discours de Sarkozy la tête libre, en faisant table rase de tout de ce qu'il a dit précédemment, on peut passer de formidables soirées de cinéma avec un seul film à suspens, etc.

- inconvénients : des êtres sans foi ni loi peuvent abuser de la situation, dérober une carte bleue, un carnet de chèque, vous perdre dans la forêt du Petit Poucet. Affreux cauchemar : vous croisez votre pire ennemi qui vous fait revivre tous les quarts d'heure une horrible scène de rencontre pour le simple plaisir de vous torturer. Décidément, la mémoire est le meilleur des remparts contre la barbarie. Mais on dirait que chez certains, rien n'a existé qui excède ce quart d'heure. Bref...

Le héros du film de Nolan cherche son chemin dans une vie en noir et blanc. On a tué sa femme, l'agresseur lui a porté un coup et il a tout oublié. Alors, il essaie de recomposer le puzzle. Son corps tout entier devient un mur contre l'oubli, couvert de mémentos. La chambre dans laquelle chaque matin tout se redécouvre est jonché d'indices ou de polaroïds annotés. 

Dans ce dédale où le spectateur se perd tout de même un peu, il y a d'autres figures interlopes, prêtes à y égarer notre quasi-amnésique, et au bout une révélation, évidemment, mais qui ne changera rien au destin du protagoniste : "Où en étais-je, déjà ?"

Comments

[ogressedeparis]

je me suis endormie devant!