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Le blog du touilleur
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19 avril 2011

Quelques mots sur le roman -5-

durantyLe roman qui abonde complaisamment en effets se condamne à la médiocrité : parmi les nombreux naufrages de l'écriture réaliste, citons Les malheurs d'Henriette Gérard de Louis Duranty, publié en 1879, oeuvre tellement ridicule que l'écrivain se consacrera finalement à ce qui lui allait le mieux : un théâtre de marionnettes. Frénétique, son style ne lésinait pas sur les métaphores grotesques : sous couvert de peindre la morne existence d'une femme de province (suivez mon regard), Duranty se vautre dans l'"effet de réel" : "Il lui passait dans la poitrine des courants électriques de désespoir". Bigre ! On mesure à quel point cette image contraste avec la retenue du narrateur flaubertien. 

A contrario, dans le Nouveau Roman, pas de lyrisme et un réel souci de la forme : donc une nouvelle "poésie" du genre. Héritier du grand Gustave et de son rêve d'un "Grand Livre sur Rien", Michel Butor déroule une banale histoire d'adultère dans le décor éminemment symbolique d'un train, où s'interroge une âme elle-même en transit. Là où certains auraient composé un roman de gare, Butor s'en tient à une forme qui brise l'unité progressive du récit, puisque Léon Delmont, le protagoniste, se projette dans le futur et anticipe les réactions de sa femme, découvrant la liaison impie. Le lecteur, d'ordinaire à la lisière, se trouve lui-même interpellé par l'utilisation du pronom personnel "vous", procédé qui assura sa notoriété au récit. Du point de vue de la diégèse, on a connu plus copieux. 

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