OSS 117
Qui d'autre que Jean Dujardin peut se targuer d'incarner un vrai personnage comique, aussi élégant que crétin ? Du Caire à Rio, on ne cesse de compter ses conneries d'autant plus jubilatoires qu'OSS 117 est un modèle d'auto-satisfaction. Dans la vie courante, on lui ferait sentir ce qu'il coûte d'efforts à la patience. Mais au cinéma...
Haussements de sourcils, rictus idiots, rires sonores... Dujardin cabotine comme Belmondo autrefois et l'on comprend qu'une certaine presse ait rapproché les deux acteurs. Mais il y a plus de finesse et de variété dans les facéties de Dujardin que dans les belmonderies de Jean-Paul. Et ce rire-là me paraît une arme de plus longue portée.
A partir du Magnifique (et blessé par l'échec de Stavisky), Belmondo tire un trait sur le cinéma d'auteur pour incarner le triptyque gros-bras/séducteur/humour tondeuse. Il copie le carbone pendant une quinzaine d'années avant de finir lui-même carbonisé, avec Le solitaire. Aujourd'hui, ce Belmondo-là est irregardable Mieux vaut se souvenir qu'il fut révélé par Godard. Je mise beaucoup plus sur la pérennité d'OSS qui réinvestit le comique d'une manière tout à fait baroque, convoquant la BD de Tintin, les films de catch mexicain ou James Bond. Ce soin dans la mise en scène ringardise tout ce que le cinéma comique à la Dubosc ou à la Boon peut proposer. Et je parie que les deux susnommés vieilliront plus vite que le virevoltant Dujardin, quand il habille son humour d'un costume trois étoiles.