Le Journal d'Anne Frank
Incroyable de penser qu'à ce journal l'adjectif "ennuyeux" puisse être associé. C'est pourtant le mot d'une élève, qui surenchérit par une assertion : "Y'a pas d'action". Les réacs diront que c'est la sentence definitive de la génération actuelle, saturée d'images. Au-delà de l'indignation légitime que peut générer cette remarque, il faut raison garder et pousser l'élève à déconstruire son discours en lui faisant rappeler le contexte. Non, L'Annexe ne faisait pas boite de nuit, non, on ne s'y amusait pas tous les jours... et pour cause, l'époque était tragique. Et encore... certains me diront qu'ils le savent et que cela ne les empêchera pas de tenir un tel discours. Alors peut-être faut-il aller en amont de la question. Je lis certes pour être diverti, mais je lis aussi pour tendre la main à celui qui me l'offre. Et quand il s'agit d'une petite enfant juive terrée dans sa cachette, sans cesse assaillie par la peur d'être découverte, qui pourrait demeurer indifférent ? Alors, alors, que dire à cette élève, pour lui montrer qu'elle se trompe, sans la mépriser ? Comment lui faire vivre de l'intérieur cette terreur contre laquelle la petite Anne lutta pendant deux ans ? Comment susciter l'empathie d'une adolescente pour une autre adolescente ?