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Le blog du touilleur
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8 février 2011

Farce normande (nouvelle)

C'est une nouvelle à la Maupassant, c'est-à-dire d'une implacable ironie, sans fioritures. Mariage de raison : Jean Patu épouse Rosalie Roussel dans une campagne où l'idiolecte cauchois se déchaîne. On se met à table à deux heures, à huit on y est encore. Du cidre, de l'absinthe, le trou normand, de la viande et des plaisanteries grasses. Des vaches, des poules, du fumier... tout y est. La Normandie telle qu'on se la représente. Et puis les amis du marié préviennent qu'ils vont braconner le soir de la nuit de noces... sur les terres de l'époux, dis donc. Celui-ci s'en moque, il les défie. Il n'aime pas sa femme. Aimait-on celle avec qui l'on se mariait, à l'époque ?

Elle est bien dotée, mais elle n'a pas emporté ses sentiments. Pourtant, le soir même, quand elle enlève ses vêtements, un frisson la saisit. Elle se pique au jeu du désir. Lui n'a pas bougé d'un cil : il la possèdera... avec l'accord de toute la société, celle qui empêchait l'amour de s'épanouir autrement que dans les liens sacrés du mariage. Quand les coups de feu retentissent, on est à la fois soulagé et désolé. Soulagé de voir à quelle calvaire peut échapper cette femme et désolé qu'elle soit livrée à elle-même dans cette nuit qui n'a plus rien de festif. On le retrouve le matin même, ficelé des pieds à la tête, "avec deux lièvres trépassés autour du cou"... et une pancarte : "Qui va à la chasse perd sa place". Conclusion de Maupassant : voilà comment on s'amuse dans la campagne normande. Passez muscade. Flaubert et son disciple au secours des abandonnées, des délaissées de l'amour, de celles qui n'ont rien demandé, sinon un peu d'affection, pas un macho qui les maltraite.

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