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Le blog du touilleur
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12 mai 2010

Buffet froid

buffet_froidLorsque Bertrand Blier tourne Buffet Froid, il est dans l'esprit de chacun le génial créateur des Valseuses, oeuvre subversive et joyeuse, brillant étendard d'une nouvelle génération d'acteurs (Depardieu, Dewaere, Miou-Miou) issue du café-théâtre. On se dit alors que la cuvée 1979 du placide réalisateur sera dans la droite ligne de ses oeuvres précédentes. Que nenni ! Buffet froid quitte les territoires de la provocation outrancière et grivoise (où Préparez vos mouchoirs s'était encore aventuré), pour explorer des régions plus glacées.

Car les trois protagonistes de l'histoire, incarnés par Bernard Blier, Gérard Depardieu et Jean Carmet, évoluent dans le décor sans âme d'une banlieue où les tours se dressent comme des ombres menaçantes et fantomatiques... et leur parcours tout au long de l'histoire apparaît aussi dérisoire que drôlatique.

Le début du film a pour cadre un lieu tout aussi inquiétant : le métro parisien, à une heure avancée de la nuit. Alphonse Tram, un chômeur désabusé, aborde un comptable (joué par Michel Serrault), et l'échange qui se noue entre les deux personnages intrigue d'emblée par son caractère insolite... d'autant plus que Tram exhibe rapidement un couteau sous l'oeil angoissé de son interlocuteur, qui coupe court à la discussion et disparaît dans une rame de métro. Quelques minutes plus tard, les deux hommes se retrouvent dans un tunnel, Serrault le couteau planté dans le ventre, et Depardieu, incrédule, refusant de croire que l'arme porte ses empreintes, puisqu'il ne se souvient pas avoir agressé.

Le début de l'histoire, véritable morceau d'anthologie, donne le ton d'un film qui prend le contrepied de toutes les situations attendues : ainsi, l'assassin de la femme de Tram (joué par Carmet) se fait consoler par le mari, l'inspecteur de police (Bernard Blier) s'improvise tueur dans une soirée où l'on donne du Brahms, le médecin de garde se transforme en violeur de veuve...

Il s'agit donc là d'un film étonnant : l'absurde et l'humour noir se donnent la main, dans un ballet pessimiste en diable, où la couleur rouge domine. Mention spéciale aux dialogues, finement ciselés, prouvant si besoin est, que Bertrand Blier est avant tout un grand auteur. Dommage que ce talent se soit dispersé au vent des quatre points cardinaux.

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