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Le blog du touilleur
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2 septembre 2009

La rumeur...

Il y a peut-être plus dangereux que le virus H1N1. Tiens, la rumeur par exemple. Car contrairement à la grippe A, cette rumeur peut muter : elle part d'une anecdote qui enfle et s'accouple avec un "il paraît que". "Il paraît que" se combine avec "on raconte que" (et ceux qui narrent ont souvent des vies inénarrables) pour aboutir à "non, non, c'est vrai, tout le monde le dit". Et comme tout le monde le dit et que la majorité a toujours raison, la rumeur devient thèse officielle, opinion dominante.

C'est comme cela qu'Outreau se construit, et c'est comme cela qu'un être humain, un individu, ou un groupe de gens -de préférence faillibles- se retrouvent dans le tourbillon de la calomnie. On pense à Baudis, à Adjani autrefois, et on pense aussi à certains journalistes qui se jettent sans vergogne sur cette rumeur... enfin, à titre individuel, on pense à tous ces cons qui n'ont à rien à faire de leur vie et qui épient celle des autres pour alimenter leur quotidien foireux.

Donc, évitez tout contact avec un colporteur de ragots. Ou alors, lavez-vous les dents après lui avoir parlé. La contamination est plus rapide qu'on ne le pense. Une fois qu'on est atteint, difficile de s'en remettre. Si on se lève un matin avec la terrible envie de savoir avec qui couche un collègue de travail et qu'on a envie de le partager à la machine à café, c'est que le mal est déjà à un stade avancé. Une IRM s'impose.

Comment repérer un colporteur de ragots ?

Très simple. Il épie derrière ses fenêtres s'il est vieux, il se répand dans les forums ou sur Facebook, il feuillette avec ardeur les magazines à scandale. Le colporteur n'a pas d'âge, mais il a tous les vices. Les plus pervers, sous couvert d'altruisme, s'immiscent dans votre existence comme d'encombrants ténias.

Quels sont les moyens les plus efficaces de s'en préserver ?

Le colporteur de ragots est un étron qui s'élimine par des réflexes naturels : un certain goût pour la pudeur, le silence, l'écoute et le tact.

La culture préserve-t-elle du ragot ?

Absolument pas. Les Goncourt ont passé leur temps à médire de leurs contemporains artistes, et je ne sache pas qu'ils manquaient de culture. De même, celle-ci ne préserve pas -hélas- des autres ignominies dont est capable l'être humain (certains vous le diront mieux que moi).

Le colporteur de ragot peut-il lui-même raconter sa vie ?

Bien sûr. Ses tendances sont même narcissiques. Sur Internet, elles sont accentuées par le fol espoir que tout le monde s'intéresse aux petits détails de son existence. Le colporteur accomplit l'exploit de ne parler de rien (car c'est lui qui regarde), ou alors de choisir l'excès : d'exubérance, si sa vie est formidable (regardez ma maison, mon chiri, mon chien, mon chat, mes enfants... ça marche aussi dans l'autre sens : mon chat, mes enfants, mon chiri, mon chien...); de désarroi, s'il est contrarié par certains événements (c'est encore une façon pour lui de se mettre au centre des attentions).

Le colporteur de ragot vit-il en bande ?

Ca va de soi. La rumeur est collective, comme l'hystérie.

Quels sont les foyers favorisant la rumeur ?

De préférence les boulangeries, les marchés, les machines à café, certaines administrations, les cabinets médicaux où l'on voit des portes-revues discutables...

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