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Le blog du touilleur
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21 juillet 2009

A la recherche du vrai Lennon

johnLennonFull          

Il faudrait peindre John avec les vraies couleurs de la vie. Est-ce que des gars comme moi, nés en 1974, en sont capables ? On peut imaginer ce que Lennon a été de son vivant. De là à dire qui il était, ce qu’il a représenté…

J’avais six ans quand il est mort, et je n’ai grandi qu’avec ce que les autres m’ont raconté de lui. Quand je dis « les autres », je parle surtout des journalistes qui ont constitué ma première source d’informations, lorsque ma passion s’est déclarée en 1990. Or ces gens, à travers différents supports (articles de presse, biographies, émissions de télévision…), n’usaient que de superlatifs. Peut-être n’ai-je pas lu les bons ouvrages ou regardé les meilleurs documentaires. Mais ce Lennon qu’on m’a présenté était un personnage démesuré, et sur le cadran du mythe, l’aiguille oscillait entre le pontifiant Imagine  (le film) et l'infecte biographie d’Albert Goldman. Un saint ou un pourri. A toi de choisir. La vieille rengaine du rock’roll. Tout dans l’excès.

Sans doute, me suis-je dit, que de son vivant le personnage suscitait des réactions aussi ambivalentes. Et sans doute avait-il contribué à leur manifestation. Mais je concevais intuitivement que les circonstances de sa mort avaient pipé les dés. Alors un jour, j’ai voulu voir ce qu’on pensait de John avant sa mort. Juste avant. Au moment du fameux come-back de 1980. Là encore, ce que j’avais lu jusque-là me semblait nimbé d’un certaine mauvaise foi : quelques biographies écrites après son décès évoquaient un artiste sur le déclin et décrivaient Double Fantasy comme un fiasco artistique et commercial ; d’autres -les plus nombreuses- parlaient d’un triomphe prévisible, nourri par une attente fiévreuse (cinq ans, tout de même depuis le dernier album).

Il ne s’est écoulé que trois semaines entre la sortie du disque et l’assassinat de son auteur. C’est trop peu pour dresser un bilan définitif en terme de ventes, mais suffisamment pour deviner une tendance. On dit que l’opus se hissait peu à peu vers les sommets. De là à prétendre qu’il serait devenu numéro 1...

Peu importe finalement. Plutôt que de piétiner sur une route brutalement interrompue par l’événement que chacun sait, de m’empaler sur une image soudainement figée par la mort (car on sait qu’elle fige tout), j’ai décidé de saisir Lennon en mouvement, c’est-à-dire comme un artiste vivant soumis au jugement de ses pairs, leur proposant sa dernière création artistique.

J’ai donc cherché un article « objectif », et comme dans ce domaine le journal « Le Monde » fait autorité -encore que sa rigueur ait été battu en brèche ces derniers temps-, je me suis demandé ce que pensait un critique musical du travail de Lennon, le 17 novembre 1980, jour de la sortie de Double Fantasy.

En lisant ce texte, j’ai enfin respiré. John Lennon redevenait ce qu’il avait toujours été : un être de chair et un rocker très talentueux… ni le premier, ni le dernier, pas ce personnage mythique sanctifié par une mort absurde. Je me souviens qu’une expression de l’article m’avait particulièrement marqué : « une des figures les plus attachantes du rock ». John parmi d’autres, pas au-dessus des autres. Un artiste qu’on pouvait aimer, mais que l’on n’était pas obligé de vénérer.

Ce jour-là, j’ai découvert un autre chanteur et j’ai compris que Double Fantasy n’était que la modeste pierre d’un édifice à bâtir, qu’il ne s’agissait certainement pas d’un chant du cygne (comment l’ex-Beatle pouvait-il se douter que ce serait son dernier disque ?). On a beaucoup glosé sur ce que Lennon aurait fait dans les années 80. Mais c’est oublier que les grands artistes sont sujets à tant de palinodies que leurs albums ne se ressemblent jamais tout à fait. Et ces supputations ne sont que des fantasmes alimentés par le regret d’une mort brutale. Ils en disent assez long sur ceux qui spéculent… beaucoup moins sur Lennon lui-même.

Toute lecture rétrospective des événements, nourrie par des désirs individuels inassouvis (la reformation du groupe, par exemple) ne restituera qu’une image biaisée du personnage. Certains fans et certains biographes peu scrupuleux feraient bien de se le rappeler, à l’avenir.

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